Tuesday, April 08, 2008
Une interview de Robert Vinas
Une interview très intéressante de Robert Vinas sur un sujet qui nous tient à coeur, la conquête de Majorque.

Le pitch de Canal Académie :

Le Royaume de Majorque, conquis par Jacques Ier en 1229 est un exemple flagrant de l’intérêt historique d’une région. L’historien Robert Vinas revient sur cette page d’histoire. Souvent délaissée au profit de l’histoire nationale, l’étude des régions garde en effet tout son intérêt notamment en Histoire médiévale. Non seulement parce que l’idée de "Nation" renvoie à la modernité et à notre monde contemporain -la "Nation" telle qu’on la conçoit est donc un concept tardif, inexistant à l’époque médiévale ; mais aussi parce que l’histoire régionale n’en reste pas moins liée aux grands mouvements ayant touché les civilisations.

Emission proposée par : Christophe Dickès Adresse de cet article : http://www.canalacademie.com/La-conquete-de-Majorque-par-Jaume.html

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Thursday, August 24, 2006
La conquête de Majorque de Agnès et Robert Vinas
Un livre magnifique que j'ai acquis au Palais des rois de Majorque de Perpignan ( A visiter impérativement, si vous vous rendez à Majorque via Barcelone). Pour ceux qui souhaitent en savoir d'avantage sur l'épopée de la conquête de Majorque, ce livre est remarquable par la qualité de la recherche, des textes, et de l'iconographie abondante et riche. Sans nul doute le meilleur ouvrage sur ce thème, qui mériterait une diffusion plus large, notament dans les librairies Majorquines. N'hésitez donc pas à vous connecter sur leur site internet.
Fiche :
Vous trouverez de nombreux renseignements sur Jaume Ier et la conquête de Majorque dans le livre d’Agnès et Robert Vinas, paru en avril 2004. Ce livre regroupe la plupart des textes médiévaux relatifs à cette conquête, traduits du catalan, du latin ou de l’arabe. Ces textes sont accompagnés de notes, de cadres historiques et littéraires, et d’une abondante iconographie du Moyen-Age à nos jours.
Voici un aperçu de sa table des matières :
Introduction générale
  • Livre I : Le Livre des Faits de Jaume le Conquérant
  • Livre II : La Chronique de Bernat Desclot
  • Livre III : Textes et documents annexes
  1. Les Baléares musulmanes
  2. La Chronique latine de Pere Marsili (extraits)
  3. La Chronique de Ramon Muntaner (extrait)
  4. Actes et documents officiels
  5. Notices biographiques des principaux protagonistes
  • Conclusion générale :
  1. Mythe et iconographie du roi Jaume
  2. Table chronologique des illustrations et crédits photographiques
  3. Index onomastique des principaux protagonistes des chroniques
  4. Glossaire des termes techniques
  5. Bibliographie sélective
 
Wednesday, July 26, 2006
Les grands cimetières sous la lune / Georges Bernanos
Catholique à la foi ardente, Bernanos réside à Majorque « parce que le prix du bœuf et des pommes de terre y est encore abordable »,de 1934 à 1937 où il vit les heures les plus noires de la guerre civile espagnole ... Et c'est en catholique qu'il dénonce les atrocités de la répression anti-républicaine, stigmatisant avec une rare violence le dévoiement de l'épiscopat rangé aux côtés du général Franco ; le regard qu'il porte à l'occasion sur la société et les bien-pensants évoque irrésistiblement l'imagerie buñuelienne.

EXTRAITS :

"Voilà une petite île bien calme, bien coite dans ses amandiers, ses orangers, ses vignes. La capitale n'a guère plus d'importance qu'une vieille ville quelconque de nos provinces françaises. La seconde capitale, Soller, n'est qu'un bourg. Les villages isolés les uns des autres, perchés à flanc de montagne ou disséminés dans la plaine ne communiquent entre eux que par de mauvaises routes, ou de rares pataches, au moteur essoufflé. Chacun de ces villages est un monde fermé, avec ses deux partis, celui des « Prêtres », et celui des « Intellectuels », auquel s'agrège timidement celui des ouvriers. Il y a encore le châtelain, qu'on ne voit d'ailleurs qu'aux beaux jours, mais qui connaît ses têtes, a noté depuis longtemps les mauvaises, en compagnie du curé son compère. N'importe ! La gentillesse des moeurs espagnoles fait que ce monde-là vit d'accord, danse ensemble les soirs de fête. Du jour au lendemain, ou presque, chacun de ces villages a eu son comité d'épuration, un tribunal secret, bénévole, généralement ainsi composé :

le bourgeois propriétaire, ou son régisseur, le sacristain, la bonne du curé, quelques paysans bien-pensants et leurs épouses, et enfin les jeunes gens hâtivement recrutés par la nouvelle phalange, trop souvent convertis d'hier, impatients de donner des gages, ivres de l'épouvante qu'inspirent tout à coup, à de pauvres diables, la chemise bleue et le bonnet à pompon rouge."


 
Saturday, July 22, 2006
Un hiver à Majorque
George Sand per Eugène DelacroixCertainement le livre le plus vendu à Majorque, « un hiver à Majorque » de George Sand est un récit de voyage peu commun, ou elle met en scène la magie des lieux.
Pour ceux-ci, George Sand sait se montrer bon public : « [on] ne saurait faire dix pas dans cette île enchantée sans s'arrêter à chaque angle du chemin, tantôt devant une citerne arabe ombragée de palmiers, tantôt devant une croix de pierre, délicat ouvrage du XVe siècle, et tantôt à la lisière d'un bois d'olivier ».

Majorquines et Majorquins sont traités avec moins d'indulgence : « Les hommes ne lisent pas, les femmes ne cousent même pas. Le seul indice d'une occupation domestique, c'est l'odeur de l'ail qui trahit le travail culinaire ; et les seules traces d'un amusement intime, ce sont les bouts de cigare semés sur le pavé. Cette absence de vie intellectuelle [...] donne au Majorquin plus de ressemblance avec l'Africain qu'avec l'Européen. »
Reste l'écriture. George Sand y donne le meilleur d'elle-même, ne dédaignant pas le recours au fantastique pour enjoliver ses fréquentes déconvenues, en accentuer le pittoresque.
Paris fit bon accueil aux souvenirs de George Sand ; ce ne fut pas le cas au-delà des Pyrénées où ils suscitèrent de violentes polémiques.
Vous pouvez lire et télécharger "un hiver à Majorque" en cliquant sur le lien suivant :

Un hiver à Majorque

Résumé du voyage :
L'arrivée à Palma:
Les cinq voyageurs arrivent à Barcelone, où ils logent à l'hôtel des Quatre-nations. En dehors de Chopin et de Sand, il y a les enfants de George, Maurice âgé de quinze ans, Solange âgée de dix ans et leur domestique Amélie.
Le 7 novembre au soir ils embarquent tous les cinq sur un petit cargo " El Mallorquin " et ils débarquent le lendemain en fin de matinée à Palma. Immédiatement ils sont séduits par le coté pittoresque de l'île ou le soleil brille comme en juin à Paris.
Une première déception les attend. Il n'y a plus une chambre de libre, dans les hôtels de Palma et ils se décident finalement à louer un petit meublé dans une auberge des bas quartiers de Palma.
Malgré des lettres de recommandation que possèdent George, leurs " amis espagnols " ne se précipitent pas pour leur venir en aide et c'est le consul de France à Palma, Pierre Flury qui leur indique la possibilité de louer un appartement non meublé à la Chartreuse abandonnée de Valldemosa située à une quinzaine de kilomètre de la ville.
Chopin et Sand furent enchantés par le site de la Chartreuse. En attendant l'arrivée des meubles, ils louèrent une petite villa au milieu des collines d'où il pouvait voir la mer et la cathédrale de Palma, dans laquelle ils emménage le 15 novembre. Frédéric Chopin
C'est le bonheur ! Chopin écrit à Fontana;
" Je suis à Palma, au milieu des palmiers, des cèdres, des cactus ....du soleil toute la journée. Tout le monde est vêtu comme en été car il fait chaud. La nuit on entend des chants et le son des guitares pendant des heures entières."
Chopin n'ayant toujours pas reçu le piano Pleyel qu'il attendait, il déniche sur place un " instrument " dont la sonorité le contrarie en permanence... Malgré cela il travaille, termine la polonaise en Ut mineur, met la dernière main à son cycle de préludes déjà commencé. Tout va pour le mieux. Chaque jour ils font de longues promenades et leur amour est au beau fixe.

L'installation à la Chartreuse:

Chartreuse de valldemossa autrefoisA cause d'une grosse bronchite attrapée au cours d'une promenade ventée et pluvieuse, la nouvelle de la maladie de Chopin se répand comme une traînée de poudre dans la moitié de l'île... Ils doivent quitter la villa sur le champ et payer pour la désinfection des murs. Hébergés pendant quatre jours chez le consul, il emménage le 15 décembre à Valldemosa. En arrivant, Chopin décrit son nouveau logement à Fontana. "Entre les rochers et la mer, dans une cellule d'une immense chartreuse abandonnée ".
L'ordre des Chartreux ayant été dissous deux ans auparavant, la chartreuse est inhabitée, et assez insalubre. D'autre part le piano que Pleyel a envoyé à Chopin est resté bloqué au port, car la douane réclame une forte somme d'argent. Ceci fait dire à Chopin :

" Ici la nature est bienfaisante, mais les hommes sont voleurs" .

Ce n'est que début janvier 1839 que le piano est enfin installé dans la cellule de Chopin. Son arrivée permet à Chopin d'épancher sa soif de jouer et le "clavier bien tempéré" de Bach résonne sans doute, haut et fort dans la chartreuse... Chartreuse de Valldemossa aujourd'hui
Il reprend son travail de compositeur, achève quelques préludes, avance la Ballade en fa majeur... Malgré cette amélioration morale, une douleur dans la poitrine le cloue au lit de temps à autres.
C'est sur les épaules de George que retombent toutes les obligations. Elle donne tous les jours des leçons à ses enfants, s'occupe de Chopin souffrant, fait les courses à Palma, prépare les repas, car Frédéric ne supporte pas la nourriture espagnole... (sans doute à cause des fritures à l'huile d'olive, car jusqu'à ma première visite en Espagne en 1964 c'était presque la seule façon de cuisiner)...

Le quotidien:

Les habitants de l'île sont franchement hostiles envers ses étrangers bien curieux. La nouvelle que Chopin et George ne sont pas mariés, qu'ils ne prient pas à l'église, qu'il passe son temps à jouer du piano et elle, à fumer des cigarettes ou des cigares, tout ceci joue en leur défaveur.
Pour couronner le tout c'est le début de la période des pluies, et les désagréments atteignent leur comble. Chopin qui n'arrive toujours pas à se remettre de sa bronchite, a le moral au plus bas. Ce voyage est un fiasco complet..
Son moral désastreux lui fait prendre des colères terribles et même ses amis n'y échappent pas.. Les seules nouvelles qu'il obtient au compte goutte lui arrivent par l'intermédiaire de Fontana. Malheureusement c'est pour lui apprendre que son banquier Auguste Léo lui réclame de l'argent. Début janvier, Chopin envoie le manuscrit des polonaises op 40 en la majeur et en ut mineur ainsi que les Préludes à Fontana. Un peu à cours d'argent ils vendent le Pleyel à la femme du consul Fleury, et décide de rentrer dès que possible en France.
Le Retour en France:

Le 13 février 1839, après trois heures de carriole sur des chemins défoncés et ravinés par les pluies, ils arrivent à Palma. Dès son arrivée Chopin se remet à cracher le sang, mais ils embarquent à nouveau sur El Majorquin. La traversée pour le retour est beaucoup moins agréable qu'à l'aller. Chopin, Sand et les enfants sont installés dans une cabine sous le pont avec ordre de ne pas en sortir. La cabine est minuscule et l'air vicié. A la place de respirer l'air pur de la mer, ils sentent l'odeur des porcs et entendent leur cris de douleur car les marins les fouettent afin d'éviter que les animaux ne se couchent.. Chopin passe une nuit blanche et se remet à cracher le sang. Arrivé à Barcelone, le capitaine leur interdit de quitter le bord tant que les porcs ne sont pas tous débarqués. C'est George qui se débrouille pour appeler de l'aide, et le capitaine du bateau français "Le Méléagre" vient les chercher et emmène immédiatement Chopin chez le médecin... Quelques jours plus tard ils débarquent à Marseille. George écrit à Mme Marliani: " Un mois de plus et nous mourions en Espagne, Chopin et moi; lui de mélancolie et de dégoût, moi de colère et d'indignation.....ils ont percé d'épingles un être souffrant..."

" Si j'écris sur eux ce sera avec du fiel…".
 
Une femme inconnue
Une femme inconnue par Lucia Graves ; trad. de l'anglais par Béatrice Dunner. - Monaco : Éd. du Rocher, 2002. - 289 p. ; 22 cm. - (Anatolia).ISBN 2-268-04228-6

Fille du poète Robert Graves, Lucia Graves est née dans le Devonshire ; elle a trois ans quand sa famille quitte l'Angleterre et s'installe à Majorque. Cette transplantation avive un regard apte à saisir la portée de multiples contrastes ; tout a changé en effet : la lumière, le rythme d'écoulement du temps, les multiples occupations de la vie quotidienne, la perception des distances, les arrière-plans culturels, religieux, sociaux ... Sans oublier les tensions de l'époque : l'Espagne peine à sortir des lendemains de la Guerre civile.
Revenue des décennies plus tard sur les lieux de cette enfance singulière, Lucia Graves relève délicatement l'apport de cet apprentissage peu commun, les tensions qu'il avive, mais aussi l'enrichissement personnel qu'elle lui doit : « aujourd'hui encore, les gens s'étonnent de nous entendre, mes frères et moi, nous exprimer en majorquin, comme si nous étions des leurs ; peut-être ont-ils l'impression que je leur prends une chose trop intime pour être partagée avec des étrangers. Mais à tort ou à raison, je l'ai prise, et désormais c'est une part de moi-même qui s'épanouit lorsque je m'exprime à nouveau dans cette langue, ou lorsque j'entends la musique aux résonnances arabes de l'île où j'ai grandi ».

EXTRAITS

Il y avait une certaine liberté dans les limites de ce pays clos. C'était une île, et le village dans la montagne était une île dans l'île, sa vie réglée par les rythmes d'un habitat naturel, et par des rituels si anciens que nul ne se rappelait plus leur origine.
p. 56
C'était mon monde, je le comprenais, je savais comment fonctionnaient les choses, comment la vie des villageois se mêlait à celle de la montagne, des terres cultivées, de la mer. Un monde clos comme un cocon autour d'un noyau central — ma maison, si différente de celle de mes amies au village [...] où le soir venu, mes parents écoutaient la BBC sur le gros poste de radio en bois, tandis que mes frères et moi découpions les illustrations des magazines anglais ou américains — photos en couleurs d'un pays lointain dont les téléphones, les voitures de sport rouges et les machines à laver électriques nous paraissaient irréels — pour les coller ensuite avec soin dans nos cahiers d'écoliers.
p. 64

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE :

« A woman unknown : voices from a spanish life », London : Virago press, 1999

Robert Graves, « Majorca observed », Palma de Mallorca : Éd. José Juan de Olañeta, 1997
William Graves, « Wild olives : life in Majorca with Robert Graves », London : Hutchinson, 1995 ; trad. espagnole : « Bajo la sombra del olivo : la Mallorca de Robert Graves », Palma de Mallorca : Éd. José Juan de Olañeta, 2001